Impact Média tient à vous procurer le plus d’informations possible sur votre club. Les joueurs sur le terrain revêtent une importance cruciale. Mais le club, c’est aussi tout un groupe de femmes et d’hommes passionnés qui couvrent tous les aspects de l’organisation. Nous vous présentons ici quelques-uns de ces « joueurs de l’ombre ».
Les connaissances en thérapie du sport ont énormément progressé au cours des dernières décennies. On ne voit plus d’entraîneur crier à un joueur blessé que « ça va passer ». Chaque équipe professionnelle emploie maintenant des thérapeutes sportifs, premiers répondants qui accourent au chevet des joueurs souffrants sur le terrain dès que l’arbitre le leur permet.
À l’Impact de Montréal, ce boulot revient à Nicolas Nault, thérapeute sportif en chef, et à Karam Al-Hamdani et Sheenan McBride, thérapeutes sportifs adjoints. Mais les premiers secours pendant les matchs ne sont qu’une mince partie de leur travail.
Voici un aperçu d’une journée habituelle, sans match, pour les thérapeutes sportifs.
7h30
Nault, Al-Hamdani et McBride se rendent au Centre Nutrilait, où ils mettent la table pour leur journée de traitements. Leurs visages sont les premiers qu’aperçoivent les joueurs en matinée – et en présaison, d’ailleurs, lorsque le trio procède aux évaluations de base.
L’objectif du camp d’entraînement est que les joueurs soient dans les meilleures dispositions en vue de la saison qui approche. C’est ainsi que les trois thérapeutes décrivent leur travail : optimisation des capacités.
« Ça se résume à cela : si nous faisons bien notre travail, personne ne le sait puisque le joueur fait le sien le samedi, souligne Nault. On sait que le joueur qui s’est déchiré un ligament est blessé. Il fait de la réadaptation. Tout le monde est au courant. Mais notre travail, c’est surtout de s’occuper des joueurs de façon à ce qu’au moment crucial, ils soient en mesure d’obtenir des résultats. »
8h
Quelques joueurs entrent au Centre Nutrilait pour des traitements. Règle générale, ces joueurs sont blessés à long terme; les autres peuvent dormir un peu plus – le sommeil est un aspect de la prévention des blessures qu’on néglige trop souvent.
« Si un joueur se blesse, ça ne veut pas dire que le programme de prévention n’est pas bon, rappelle Nault. Toutes sortes de facteurs entrent en ligne de compte. On ne peut pas prévoir qu’un joueur se fera rentrer des crampons dans la jambe. »
Ici, on ne s’occupe pas que du corps d’un joueur. La thérapie se passe parfois aussi dans la tête, puisque le joueur veut souvent aller plus vite que ce que son corps lui permet. Au besoin, les thérapeutes freineront les ardeurs des joueurs en insistant pour qu’ils prennent leur temps. Un retour trop hâtif peut se traduire en une absence prolongée.
Les joueurs vivent donc certaines frustrations tout à fait normales, ce qui ne les empêche pas de reconnaître le travail des thérapeutes.
« Les joueurs te remercient dès qu’ils débarquent de la table, dès qu’ils reviennent au jeu, assure McBride. Ils sont bien conscients des efforts qu’on y consacre. »
9h
Les traitements commencent pour les joueurs en santé, qui visitent aussi la salle des thérapeutes – même s’ils demeurent en pleine forme physique toute la saison.
Les contacts réguliers entre les joueurs et les thérapeutes permettent d’établir une relation de confiance. La salle de traitement devient un refuge où le joueur peut traverser une épreuve en toute sérénité. Cette confiance est cruciale au travail des thérapeutes, qui doivent comprendre la personnalité du joueur.
« Nous les voyons chaque jour et travaillons avec eux dans une atmosphère intimiste, explique Nault. Disons qu’un nouveau joueur qui n’a pas encore pris ses aises à Montréal se blesse. Il doit faire un peu plus d’efforts pour être assez à l’aise de te révéler certaines informations. Il faut bâtir sa confiance en nous, car au bout du compte, nous sommes là pour lui, pour faire en sorte qu’il aille mieux. »
10h
La plupart du temps, l’entraînement de la première équipe commence à 10h30 ou 11h. De 10h au début de la séance, les thérapeutes profitent d’une période tampon au cours de laquelle ils peuvent aider les joueurs à faire leurs étirements, terminer un traitement ou préparer un bandage.
De nombreuses ressources sont à la disposition des thérapeutes, que ce soit à l’externe – par l’intermédiaire de consultants – ou à l’interne, avec les technologies de pointe qu’on trouve au Centre Nutrilait. Les trois hommes passent plus de temps ensemble au Centre que dans leurs propres demeures. Ils se connaissent de fond en comble et s’appuient les uns sur les autres en toute situation.
« Au camp à Orlando, nous sommes rentrés d’un entraînement, et mon cousin m’a texté d’Abou Dhabi pour me dire que ma grand-mère était décédée, se rappelle Al-Hamdani. Je venais d’aller la visiter là-bas. Je savais que ça s’en venait, mais c’était quand même un choc. J’étais extrêmement ébranlé, dans un état lamentable. Sheehan et Nicolas m’ont aidé à passer à travers. Nicolas m’a dit de prendre tout le temps qu’il me fallait, qu’ils s’occuperaient de tout pendant que je gérais la situation. C’est là que j’ai compris que nous sommes bien plus que des collègues; nous sommes comme une famille, et nous sommes prêts à nous fier les uns aux autres quand nous en avons besoin. »
10h30
La séance d’entraînement commence. Nault a les joueurs à l’œil, tandis que le travail d’Al-Hamdani et de McBride est axé sur la réadaptation. Les blessés demeurent dans le gymnase avec McBride, spécialiste du retour au jeu, qui travaille avec les joueurs de façon à réduire l’écart qui les sépare du travail en solo sur le terrain.
Une fois que ces joueurs reçoivent le feu vert pour retourner sur le terrain, Al-Hamdani leur fait suivre les étapes requises, des étirements légers au jogging, d’abord. Au fil de ces étapes, il évalue leur progrès.
« Ensuite, on passe aux exercices avec le ballon, indique Al-Hamdani. Quand le joueur s’approche d’un retour, il commence à travailler avec Yannick Girard [préparateur physique de la première équipe]. Une fois que ces étapes sont derrière le joueur, Yannick augmente la charge de travail. Lorsque Yannick lui donne le signal, le joueur peut rejoindre le groupe. »
12h30
La séance est terminée, mais pas la journée de travail. L’heure est à l’optimisation de la récupération des joueurs en vue de la prochaine journée : boissons de récupération, bains chaud et froid, bottes de récupération, massage, travail en gymnase – tant que ça fonctionne!
« Ce qui fonctionne pour un joueur ne fonctionne pas nécessairement pour un autre, précise Nault. Nous devons découvrir la bonne approche pour chaque joueur afin d’optimiser son niveau de performance. Chaque joueur a une routine qui lui est propre. Il faut cerner cette routine et appuyer le joueur dans ce cadre. »
16h
Les thérapeutes rentrent à la maison. Ils ont préparé ce qu’il leur faut pour le lendemain, une autre journée où, espérons-le, ils auront le moins de blessés possible à traiter.
« Nous préférons qu’on ne parle pas de notre travail, souligne McBride. Nous ne devrions pas être à l’avant-plan. Nous ne voulons pas attirer l’attention, même quand nous faisons bien notre travail. »
« Si personne ne parle de nous, ajoute Nault, c’est que nous faisons notre boulot. »
Oups. Désolé.