MONTRÉAL – Si l’Impact de Montréal se rend loin en phase finale Audi de la Coupe MLS 2015, Ignacio Piatti sait pour qui il aura une pensée.
Deux fois, cette année, Piatti a dû retourner auprès des siens, en Argentine. En mars, son grand-père est décédé quelque temps après avoir pu dire au revoir à Piatti, qui lui a rendu hommage à quelques reprises sur le terrain, notamment à l’Estadio Azteca dans le match aller de la finale de la Ligue des champions de la CONCACAF.
Puis, le mois dernier, son père Oscar a connu des ennuis de santé. Piatti s’est rendu à son chevet. Il y a passé 10 jours. Il est revenu au jeu le 10 octobre, au Colorado. Le papa se porte maintenant beaucoup mieux.
« J’ai vécu longtemps en Argentine, souligne Piatti en entrevue. On a fait beaucoup de sacrifices, ici. C’est loin. Il faut gagner pour tout ça. »
Piatti est convaincu que l’Impact peut égayer son père. L’équipe a gagné ses cinq matchs depuis son retour. L’équipe de l’heure en MLS tentera d’en gagner une sixième ce dimanche, lors du match retour de sa série demi-finale de Conférence Est contre Columbus Crew SC (17 h [HE], RDS et TSN au Canada, ESPN et ESPN Deportes aux É.-U.).
Depuis ce match au Colorado, Piatti compte deux buts et trois passes décisives. Un de ces buts et une de ces passes évoquaient ses origines : Piatti jouait à l’aile gauche dans la victoire de 3-0 de l’Impact contre Toronto FC au premier tour. Il n’y avait pas joué depuis ses tout premiers matchs pour l’Impact, après lesquels l’ancien entraîneur-chef Frank Klopas l’avait replacé dans l’axe.
« Je me sens très bien à gauche, parce que c’est ma position, rappelle Piatti. J’ai joué longtemps à gauche, en Argentine par exemple. Quand je suis arrivé ici, Frank m’a placé derrière l’attaquant. Je préfère à gauche. Je m’y trouve bien. »
Les faits saillants de son passage à San Lorenzo en font foi. Depuis plus d’un an, Piatti régale la MLS avec son aptitude à fixer les défenseurs, mais le flanc gauche lui donne de meilleures occasions d’attaquer l’espace à pleine vitesse, de déstabiliser et de créer du danger.
Piatti recherche constamment l’espace. Même lorsqu’on le surveille de près, il réussit souvent à éloigner le ballon du défenseur tout en conservant sa maîtrise de la balle. À l’heure où Piatti trouve de plus en plus d’espace sur la gauche, avec un partenaire comme Didier Drogba devant – « quand il va derrière, il me dit d’aller en avant; il se sacrifie beaucoup pour l’équipe », dit-il –, les partisans de l’Impact reconnaissent de plus en plus le Piatti qui a tant contribué à la Copa Libertadores qu’a gagnée San Lorenzo en 2014.
« Quand j’ai beaucoup d’espace, je me trouve bien, car je regarde aussi Didier qui fait des mouvements, peut-être pour faire un une-deux avec lui, explique Piatti. Mais à gauche, je me sens bien. Je l’ai dit à Mauro [Biello, entraîneur-chef par intérim], et il m’a mis là. S’il faut défendre, pas de problème. Je reste derrière. »
Défendre. Mais oui.
Lorsque Klopas a fait jouer Piatti derrière l’attaquant, on raisonnait que ses responsabilités défensives seraient moindres, pour que Piatti conserve son énergie pour la phase offensive. Piatti reconnaît qu’en MLS plus que dans toute ligue où il a déjà joué, il faut courir beaucoup. Mais pour Biello, Piatti travaille très bien en phase défensive.
« Je ne veux pas que Nacho aille tacler et gagner le ballon, précise Biello. L’important, c’est que Nacho se mette dans une position pour éviter que l’autre équipe fasse une passe. S’il peut faire ça, le gars de l’autre équipe qui a le ballon va se dire que ce couloir est fermé. […] C’est ce que je recherche. Il y a d’autres joueurs que je veux voir regagner le ballon et aller au duel. De ce que j’ai vu de Nacho en phase défensive, il a bien fait. »
Contre Jackson, l’arrière droit de fortune du TFC, Piatti a gagné son duel. Il a récupéré le ballon 13 fois, plus que quiconque au cours de ce match de premier tour, alors que Jackson n’a pu offrir qu’un seul ballon devant dans le dernier tiers.
Trois jours plus tard, dans la victoire montréalaise de 2-1 au match aller contre Columbus, Harrison Afful s’est avéré un tout autre défi. Afful a pu déborder Piatti plus efficacement. Il a donné plusieurs ballons dans l’espace tout en marquant Piatti mieux que Toronto avait pu le faire.
« [Jackson et Afful] sont différents, souligne Piatti. Le premier match contre Toronto, j’ai joué derrière Didier, et au deuxième match, je pense que Toronto ne s’attendait pas à ce que je joue à gauche. Je pense que c’était une surprise. Je ne sais pas. C’est pour ça qu’on a bien fait. Quand Marco [Donadel] avait la balle, il me cherchait.
« Après, Columbus a vu ça, poursuit-il. Afful, c’est un bon joueur. Il est très rapide. Maintenant, quand Donadel regarde là-bas, [Afful] est bien à côté de moi. Il faut changer des choses. Mais Columbus doit aller trouver le but. Nous, comme nous l’avons fait l’autre fois à Columbus, c’est pour être plus tranquilles que nous devons aller trouver le but. »
Piatti n’a pas pu rester bien tranquille récemment. Cette année, il l’a commencée en réadaptation à la suite de sa tendinite. Puis, son grand-père l’a quitté. Puis, son père lui a donné une bonne frousse.
Heureusement que le soccer lui a souri. Cette saison, Piatti a marqué 12 fois et donné 11 passes décisives, toutes compétitions confondues.
« Sur toute la saison, on était très bien, toute l’équipe, avance Piatti. On a atteint la finale de la Ligue des champions. Ce n’est pas facile. On verra ensuite. Quand Montréal atteindra une autre finale, il faudra prendre le temps de dire que nous étions déjà une bonne équipe, que c’était bien. Cette année était une très bonne année avec l’arrivée de Didier et tout ça. »
Le Crew SC les attend ce dimanche. Piatti est déjà heureux que son père puisse regarder le match, mais il ne se contentera pas d’un seul autre match en 2015.
« Ce n’est pas fini. Il faut encore passer à une finale. À Montréal, il y a tout pour gagner la MLS. »
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