MONTRÉAL – Après la bannière Drogba Legend, le groupe de supporters 1642 Montréal se fait encore entendre – littéralement, cette fois.
Le groupe espère instaurer un nouveau rituel de célébration de but au Stade Saputo à la suite de l’acquisition d’une cloche en fonte qui sera installée dans le virage est du Stade Saputo en vue du prochain match à domicile de l’Impact, le 25 octobre contre le rival torontois.
Anthony Lizzi est un des six membres fondateurs de 1642 MTL. Une fois la décision de fonder un groupe prise, raconte-t-il en entrevue, les membres ont eu plusieurs décisions pour échanger des idées – certaines pertinentes, d’autres « stupides » – pour trouver le rituel parfait. (Lizzi cite notamment la Timbers Army et leur bûche parmi ses inspirations.)
Lizzi se souvient très bien du moment Eureka, une discussion avec une des cofondatrices, Sonia Busnardo. « J’ai pris une bière, elle un martini », se rappelle-t-il encore. Busnardo, ce soir-là, a pensé à la Basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal. (Certains appellent Montréal la « Ville aux cent clochers », un surnom dont l’origine est souvent attribuée par erreur à Mark Twain, qui avait plutôt dit de sa visite à Montréal qu’il s’agissait de « la première fois où j’ai été dans une ville où on ne pouvait lancer une brique sans briser de vitrail d’église ».)
Lorsque l’idée de la cloche s’est présentée, se souvient Lizzi, il y a eu une minute de silence entre Busnardo et lui. Ils ont alors su que c’était la bonne.
« Nous ne sommes pas religieux. Et après? Ça fait partie du paysage montréalais, souligne Lizzi. C’est une cloche! »
Sur Internet, Lizzi a trouvé Brosamer’s Bells, un vendeur de cloches antiques de Brooklyn, au Michigan. Le propriétaire Marc Brosamer a proposé différentes options, dont certaines au diamètre imposant de 142 cm, avant que le groupe choisisse une cloche en fonte de 112 cm de diamètre qui pèse 715 kg.
Cette cloche, explique Lizzi, a été conçue en 1885 à Cincinnati puis installée dans une église à l’ouest de Springfield, en Ohio. Un fermier canadien a ensuite acheté la terre où était située l’église avant de la démolir. Il a toutefois conservé la cloche et l’a plus tard vendue à un collectionneur.
À la recherche d’une saveur locale, Lizzi s’est informé de la possibilité d’acheter une cloche fabriquée au Québec, sans succès. Aucune n’était à vendre, car « votre problème, c’est que vous prenez soin de vos cloches », affirme Lizzi en citant Brosamer.
Une fois la cloche installée au Stade Saputo, les membres du groupe prévoient attacher une corde au clapet de la cloche pour ensuite lancer l’autre extrémité sur le terrain ou faire sonner la cloche eux-mêmes lorsque l’équipe marque.
« Si le but est marqué de l’autre côté du terrain, on pourrait donner la corde à [Evan] Bush, et il fera sonner la cloche, avance Lizzi. La cloche vient de l’Ohio, non? »
En réplique à leurs critiques, les membres du groupe martèlent qu’ils ont payé la cloche eux-mêmes. Lizzi refuse de confirmer le montant – même à micro fermé –, mais sur le site de Brosamer, le prix des cloches en fonte n’est pas inférieur à 895 $.
La seule contribution directe du club, précise Lizzi, a été d’accepter que la cloche soit expédiée directement au Stade Saputo. Il est néanmoins reconnaissant envers le club pour le soutien offert. Il fallait l’approbation du propriétaire Joey Saputo pour installer la cloche au stade, ce qui a été accordé.
« Quand l’équipe a dit oui, on s’est lancés, affirme Lizzi. Nous avons rassemblé nos fonds. Ça va changer les choses même si nous ne sommes pas là. La cloche sera installée au stade, comme l’équipe l’a dit. Et nous l’avons fait. Nous respectons tout ce que tous les autres ont fait par le passé. Les gens ont de la misère à croire que nous avons flambé de notre argent là-dedans.
« Tous les membres du groupe ont contribué à leur façon, poursuit-il. C’est plus important que nous tous. »
Et probablement plus bruyant, aussi, si l’on se fie à une vidéo que Marc Brosamer a envoyée au groupe.
« Quand il fait sonner la cloche, l’image se déforme. »